Fabrique du Patrimoines de Normandie
Ferries

Il y a marin et marin !

Marins
Naviguer sur les lignes de la Brittany Ferries ne fait pas de tous des marins, notamment des marins respectant une culture maritime acquise lors de périodes de navigation antérieures au long cours. Aussi la cohabitation, même si elle est bien vécue, rend quelque peu nostalgiques les anciens marins du long cours.

Plus intensif que le long cours...
Sur les ferries, les marins naviguent avec un équipage en grande partie issu de l’hôtellerie et de la restauration dont la majeure partie est constituée de femmes. Même si certains membres du personnel hôtelier peuvent acquérir le statut administratif de marin, ils ne sont pas reconnus comme tels par les membres de l’équipage du service pont ou machine. à bord, bien qu’en haute saison la moitié de l’équipage dépende du secteur accueil, hôtellerie, restauration et boutiques, un seul officier en est issu, c’est le commissaire de bord. Il est par conséquent le seul représentant de ce secteur à déjeuner au carré des officiers en compagnie des officiers du pont et de la machine.
S’ils ne sont pas reconnus comme des marins, ils ne sont pourtant plus tout à fait des terriens, ces embarquement bouleversent leur vie, leurs repêres.

Les habitudes du bord à terre...
« Moi, c’est pas un métier qui me plaît le fait de naviguer avec des femmes (hôtesses) ; ça me gêne »
« C’est tout un monde que nous, on avait avant, et qui s’est écroulé dans ce genre de navigation là ».
Matelot à bord du Normandie
« On est plus marins ici [...] C’est un monde que nous on avait avant et qui s’est écroulé dans ce genre de navigation là »
Les marins habitués à embarquer avec de tout petits sacs ne sont pas sans remarquer les volumineux bagages des hôtesses, et notamment de celles embarquant uniquement pour la haute saison. Le contact avec la clientêle oblige les hôtesses à disposer de davantage de vêtements que les marins de la machine par exemple qui se contentent d’un tee-shirt sous leur cotte de travail. Les marins ne peuvent s’identifier à un groupe les incluant eux et ces hôtesses, pourtant membres de l’équipage.

« Quand on a pas mal navigué, on a des petites valises »
Radio à bord du Normandie
Le rythme 7/7 permet aux femmes marins, de concilier vie de famille et vie professionnelle. Les ferries accueillent donc plus de femmes marins que d’autres navires. Ces femmes respectant la culture maritime, tout comme les hommes, leur présence à bord n’est pas indésirable, mais elle change un peu les habitudes. En 2003, le Mont-Saint-Michel accueillait en stage des élêves officiers, exclusivement féminins

« C’est vrai que l’ambiance soit au carré ou même ici en bas dans l’équipe machine bah ça change un peu s’il y a du personnel féminin »
Chef mécanicien à bord du Normandie
 
Une mixité plus facile sur les ferries...
Les moteurs à bord des ferries sont traditionnellement baptisés de prénoms féminins, or sur le Normandie (le Mont-Saint-Michel n’a pas encore baptisé ses moteurs), les moteurs portent des prénoms masculins ! Faut-il y voir un trouble d’identité des mécaniciens de ferries ou simplement une erreur ? Le chef mécanicien du Normandie penche pour la seconde alternative : « Ici, je sais pas c’qui leur a pris quand ils ont baptisé les moteurs ! ».